Moi, un trouble alimentaire ?

Jamais je n’aurais imaginé que ça m’arriverait un jour. Moi, un trouble alimentaire ? N’importe quoi ! J'aime trop manger pour ça. Jusqu'à ce que je me retrouve soudainement à l'hôpital, complètement épuisée et amaigrie. A deux doigts d’une insuffisance cardiaque. En train de flirter avec la mort. Il était moins une. J'avais deux options : soit m'enfoncer encore un peu plus, soit tenter d’inverser la tendance et retrouver ma santé.

Plus facile à dire qu'à faire. Mais abandonner ne fait pas partie mon vocabulaire. J'ai choisi la guérison. J'ai réalisé un documentaire à ce sujet et écrit un livre, ‘Gekooid door mijn eetstoornis’. J’y parle de ce qui m'a aidée, et m'aide encore aujourd’hui, à vaincre cet ‘Evil Monkey’ - c'est ainsi que je surnomme la petite voix dans ma tête.

Publié le 06 août 2021
Ecrit par Laura
Temps de lecture 10 minutes

On ne développe pas un trouble alimentaire du jour au lendemain. Et non, il ne s'agit pas seulement de ‘ne pas avoir envie de manger’. Un trouble alimentaire est une maladie comme une autre, même si la société la considère encore comme un tabou, comme une ‘maladie mentale’ qui peut être résolue ‘simplement en mangeant plus’. Mais croyez-moi... il s’agit souvent de tout autre chose. Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi une personne développe ou non un trouble alimentaire. Une partie est génétique, vous êtes né avec ; une autre partie est déterminée par votre caractère (le perfectionnisme !) et enfin il y a les déclencheurs externes, qui font que le trouble alimentaire se manifeste. Les traumatismes vécus tout au long de votre vie et les circonstances dans lesquelles vous grandissez.

De plus, un trouble alimentaire est à 95% une question de contrôle. Être obsédé par la nourriture. C’est comparable à d'autres dépendances telles que l'alcool, les drogues, le tabac... Souvent, une personne commence à consommer de manière excessive quand elle a l’impression de perdre le contrôle dans tous les autres aspects de sa vie. La dépendance est alors souvent la seule chose sur laquelle elle a prise. La seule chose à laquelle s'accrocher.

Dans mon cas... tout a commencé de manière tout à fait inoffensive. Je n’ai réalisé la gravité de la situation que lorsqu'il était trop tard. En bref : j'ai toujours été quelqu’un de perfectionniste. Ce n'était jamais assez, je voulais toujours en faire un peu plus. Pour moi-même, mais aussi pour avoir une certaine reconnaissance. En outre, dès mon plus jeune âge, j'ai toujours accordé une grande importance à ma santé. Une alimentation saine (je suis végétarienne depuis des années), beaucoup de sport - car quand je suis en forme, je suis une source d'énergie inépuisable - et une vie aussi équilibrée que possible. Je n'ai jamais été grosse, au contraire. J'aurais sans problème pu avoir quelques kilos en plus. Quoi qu'il en soit, ce perfectionnisme s'est également manifesté dans ma carrière professionnelle. Pour résumer les choses, j'ai décidé de créer ma propre entreprise en tant que Digital Storyteller freelance, et je voulais tout bien faire dès le départ : créer un beau site web, décrocher rapidement de nouveaux clients et fournir un travail parfait. J'ai travaillé jour et nuit pendant des mois. Je n’avais plus aucune vie sociale et la seule chose que je faisais encore pour me détendre c’était du sport. Dans ces moments-là, je pouvais un peu lâcher prise. L'exercice physique combiné à une alimentation trop saine - qui était entre-temps devenue malsaine parce que je brûlais beaucoup plus de calories que je n’en absorbais - m'a fait perdre beaucoup de poids en trois mois, involontairement et inconsciemment. Le coup de grâce ? Une intoxication alimentaire que j'ai contractée à Cuba et dont j'ai eu du mal à me remettre pendant des mois.

À ce moment-là, j’étais déjà loin, mais il a fallu attendre encore six mois avant que je réalise qu’il y avait autre chose. Pendant des années, je me suis affamée sans m'en rendre compte. D'abord physiquement, mais après la faim physique est venue la faim émotionnelle. Plus destructrice, jour après jour. Toujours sans m'en rendre compte. Jusqu'à ce que l'épuisement émotionnel suive et que je ne puisse plus voir que ma vie était en pagaille.

Dès que j'ai réalisé que je souffrais entretemps d'anorexie, j'ai pensé que le problème pouvait être résolu rapidement. Il me suffisait ‘simplement’ de faire un peu moins de sport, de manger un peu plus et de me ménager sur le plan professionnel. Maintenant que j'avais compris ce qui n'allait pas, j'étais convaincue que je serais de nouveau au top dans quelques mois. Mais les choses ne se sont pas passées comme je l’imaginais ...

Se remettre d'un trouble alimentaire est un processus de longue haleine. Une route sans fin avec plus de bas que de hauts. Un pas en avant et deux pas en arrière. Je ne voulais pas être hospitalisée. J'étais trop fière, trop indépendante. Donc j'ai dû résoudre le problème par moi-même.

Je pourrais parler et écrire pendant des heures sur mon rétablissement et le chemin pénible que j'ai parcouru jusqu'à présent. Et c'est ce que j'ai fait, car pendant ma période la plus difficile, nous avons décidé, avec mon petit ami, de réaliser un documentaire sur les troubles alimentaires intitulé ‘Gekooid’ (littéralement ‘mise en cage’), en référence à la façon dont je me suis sentie piégée, privée de toute liberté. Ce documentaire sera diffusé sur Canvas en novembre 2021. En plus de cela, j'ai aussi écrit un livre, ‘Gekooid door mijn eetstoornis’ (prisonnière de mon trouble alimentaire). C’est un guide pratique pour aider les personnes qui traversent la même épreuve, mais aussi leurs parents, frères et sœurs, partenaires ou amis. En fait, il s’adresse à tous ceux qui connaissent quelqu'un confronté à des troubles alimentaires. L’objectif de mon livre et de mon documentaire ? Ouvrir le débat sur les troubles alimentaires, briser le tabou, donner de l'espoir (la guérison est possible !), mais aussi offrir une vision plus large de la maladie à travers mon propre parcours, des témoignages et l’avis d’experts, afin que les gens puissent mieux comprendre la nature complexe de la maladie. Je donne des conseils et des astuces sur la manière de gérer cet ‘Evil Monkey’, afin que d'autres personnes qui traversent la même épreuve que moi puissent se battre AVEC L’AIDE de leur entourage. Je souhaite ainsi donner une tournure positive à ce qui est sans aucun doute l'un des chapitres les plus difficiles de ma vie et, en même temps, inspirer et motiver d’autres personnes confrontées à la même souffrance.

Lorsque j'ai choisi la guérison à 100 %, j'ai découvert qu'il y avait trois piliers importants auxquels je devais m'attaquer : l’alimentation, l'estime de soi et la recherche d'un équilibre entre le repos et l'exercice. En ce qui concerne le premier pilier, c'est là que l'alimentation complémentaire entre en jeu. L'une des premières mesures que j'ai prises a été de chercher de l'aide auprès d’une diététicienne nutritionniste spécialisée. Elle m'a aidée à retrouver une image saine de ce que sont des portions de repas normales. Sur la base de ce que je mangeais alors pendant la journée, nous avons établi un programme adapté. Elle m'a donné de nouvelles idées d'aliments et de collations que je pouvais essayer. Petit à petit, j'ai appris et osé manger de plus grandes portions, et après quelques semaines, j'ai même commencé à manger un ‘repas de triche’ (cheat meal) que j'avais moi-même étiqueté. C'étaient des pâtes ou un morceau de pain. Victoire ! Chaque semaine, nous avons essayé d'aller un peu plus loin en termes d’alimentation.

Au début, c'était vraiment horrible. Je devais manger six fois par jour : petit-déjeuner, collation, déjeuner, collation, dîner et encore une collation. C'était beaucoup plus que ce à quoi j'étais habituée. De plus, mon estomac avait tellement rétréci que j’avais constamment l’impression d’être incommodée et d'avoir trop mangé. Je ne parvenais vraiment pas à manger après le dîner. Je n'arrivais pas à respecter le programme, ni à absorber la quantité de nourriture et de calories dont mon corps avait désespérément besoin pour limiter les dégâts, et encore moins prendre du poids. Une alimentation complémentaire a alors été mise en place. Je détestais ça. Comme si je ne me trouvais pas déjà assez faible, je devais maintenant aussi ingurgiter des boissons que l'on donne parfois aux personnes âgées qui ne peuvent plus se nourrir elles-mêmes - du moins, c'est ainsi que je le ressentais. J'ai trouvé cela humiliant et j'ai montré beaucoup de résistance.

Les premiers jours ont été un vrai cauchemar. Je buvais à contrecœur une de ces bouteilles chaque matin, en commençant d’abord par une demi-bouteille que je partageais avec mon partenaire. Parce que si je devais manger plus, lui aussi. Ça a rendu les choses un peu moins pénibles. Je me souviens très bien de ce moment, nous étions dans la voiture en route pour Aarschot où j'avais rendez-vous pour essayer une robe pour le mariage d'une amie. J'étais demoiselle d'honneur, et je voulais rayonner. J'avais encore quelques mois devant moi pour prendre du poids et faire sensation dans une belle robe. À l'époque, je croyais encore aux contes de fées, semblait-il.

Mais au bout d'un moment, ces petites boissons lactées sont devenues une habitude. Entre-temps, j'avais fait quelques recherches et découvert qu'il existait une boisson similaire d'une autre marque, Fresubin, dont les saveurs m’attiraient beaucoup plus (vanille et noix !). Et j'ai rendu la consommation de cette boisson aussi agréable que possible en y ajoutant quelques glaçons. Avec un peu d'imagination, c'était comme boire un milkshake. Petit à petit, je me suis aussi réhabituée aux pâtes, au pain, aux pommes de terre et au riz. J'ai d’abord commencé par des mini-portions pour ensuite essayer de les augmenter de temps en temps. Cela a très bien fonctionné ! La première réussite dans mon processus de rétablissement !

Aujourd'hui, un an et demi après avoir pris cette première boisson ce matin-là dans la voiture sur la route vers Aarschot, je bois toujours ma petite bouteille de Fresubin quotidienne. Le matin, ou l'après-midi en guise de collation. J'ai récemment découvert qu'il existe également des puddings Fresubin aux saveurs très variées que je trouve délicieuses. Cette variété rend l'expérience tellement plus agréable ! Je sais que j'ai encore un long chemin à parcourir. Je vais devoir continuer à prendre ces produits de nutrition complémentaire pendant un certain temps, et je dois m’armer de courage face à ce qui m’attend encore avant d'être complètement rétablie. Mais j'ai de l'espoir, et je suis déterminée à retrouver ma santé. Le mot ‘abandonner’ ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je vais continuer. To tackle that ‘Evil Monkey’ in my head for once and for all!

Vous pouvez revoir le documentaire ‘Gekooid’ sur CANVAS NU: https://www.vrt.be/vrtnu/a-z/gekooid/ 
Le livre ‘Gekooid door mijn eetstoornis’ est en vente dans toutes les filiales de Standaard Boekhandel et en ligne.

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    Un témoignage émouvant de Laura sur ses troubles alimentaires. Elle a écrit un livre intitulé "Gekooid door mijn eetstoornis" (en Néerlandais) .
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